D'un geste lasse, Stone Gardner se débarrassa de la couverture qui la gênait. Ses yeux s'accoutumaient avec peine à la lumière diurne, introduite dans le dortoir par une ouverture minuscule dans le rideau. Ce n'était pourtant pas ça qui se trouvait à l'origine de son réveil si brutal. Elle avait eu comme l'étrange sensation que quelqu'un avait voulu l'approcher pendant qu'elle dormait. Ce qui était absurde puisqu'il n'y avait personne de levé à cette heure-ci. De plus, pourquoi une de ses camarades se risquerait-elle à la déranger ? La jeune femme n'avait jamais engagé la conversation avec une seule de ses collègues, et ça ne risquait pas de changer d'ici tôt. Elle préférait l'ignorance à leur intérêt soudain pour sa personne. Si il lui arrivait parfois d'attirer leur attention, elle s'arrangeait pour se faire oublier le plus vite possible. Sa solitude lui convenait on ne peut mieux. Jamais elle n'aurait souhaité en changer.

Hissant une jambe hors du lit, elle emprunta l'escalier qui la déposa au sol. Dardant un coup d'œil hâtif vers ses comparses, elle se réjouit de constater qu'elles dormaient encore à poings fermés. Rapidement, elle alla fouiller après une tenue convenable dans sa valise. Une fois des vêtements idéaux trouvés, elle troqua sa nuisette contre ceux-ci. Puis, fourrant son pyjama dans un coin de son bagage, elle s'empressa de déguerpir avant de ne réveiller quelqu'un. Sans un bruit, elle s'extirpa hors du dortoir et se dirigea à grands pas vers la salle commune encore déserte. Ravie d'avoir encore quelques minutes de calme devant elle, elle saisit un bouquin qu'un élève avait dû laisser là et s'installa confortablement dans un sofa. Ne se gênant pas pour étaler ses jambes dénudées sur toute la longueur du canapé, elle prit complètement ses aises. Après tout, les lieux ne semblaient pas prêts à se voir inondés de monde d'un instant à l'autre.

Plongée dans sa lecture, Stone s'étonna du type de roman qu'on avait osé oublier. Le livre qui la passionnait tant que ça traitait d'un sujet étroitement lié à une forme de magie obscure. Son possesseur ne devait pas être une mauviette, à en juger par l'audace des propos tenus là-dedans. Elle parcourut longuement les pages, s'attardant sur quelques paragraphes intéressants. Et c'en fut ainsi pendant ce qui lui parut se rapprocher d'une éternité.

Elle demeura tranquillement calée dans son coin, seule et heureuse de l'être.