Barbant. C’est le tout premier mot qui vint à l’esprit de Victoire durant le repas de la rentée. Les gens qui l’entouraient été plus qu’idiot, et dénué de conversation intelligente. Aujourd’hui, elle comprenait qu’elle s’était entichée de ces personnes là pour ne pas rester toute seule et étendre le plus loin possible une certaine réputation. Ils étaient ces acolytes. Les garçons passaient leur temps à discuter quidditch ou à s’empiffrer. Et les filles n’avaient que le mot garçon à la bouche. Elles étaient toutes plus idiotes les unes que les autres, et ne cessaient de faire les yeux doux aux garçons réputés de Poudlard. Tel que Regulus Black, ou Lucius Malefoy - libertin dans l‘âme-, même parfois Angel Salvatore - séducteur ignorant -. La brunette elle, s’en désintéressait totalement. Elle ne voulait pas de relation amoureuse. Les idylles étaient fait pour les naïfs, les personnes qui voulaient simplement atteindre le paroxysme du bonheur qu’une quelconque façon. Être avec quelqu’un officiellement, c’était tout simplement se dire que «  je ne finirais certainement pas ma vie tout( e), seul( e) ». La serpentarde n’avait pas tellement faim. Elle s’occupait en créant une sorte de pate immangeable à la vue, à l’aide de son gâteau au chocolat. Victoire en avait tout bonnement assez de cette école, de voir toujours les mêmes têtes tous les jours de l’année. Il lui restait encore deux ans. Et elle n’allait certainement pas continuer ainsi, entourée de cette bande d’ignare. Lorsque le directeur intima aux élèves qu’il était temps de rejoindre leur dortoir, que demain, une journée de cours les attendaient, les nouveaux préfets-en-chef, s’empressèrent de prendre les chemins des salles communes. La verte et argent en décida autrement. Il était loin d’être tard, et fort heureusement dès la sixième année, on avait le droit à un couvre feu de 22 heures. Un regard furtif à l’horloge du hall la rassura de suite ; elle avait encore une bonne heure de libre devant elle. Emily - petite blonde écervelée- lui demanda :

- Tu nous accompagne Victoire ? On va dans le parc boire quelques bières aux beurres.

Elle lâcha un petit rire excité par l’évènement programmé. Levant furtivement les yeux au ciel, Victoire s’arma d’un faux petit sourire désolé, et répondit vaguement :

- Non, allez y, on se rejoint dans la salle commune plus tard.

Sur ces derniers mots, la susnommée tourna les talons sans un regard en arrière, laissant ses camarades sortir de la grande salle, pour ensuite se rendre dans le parc. Se prenant furtivement la tête entre ses mains, elle se fraya un chemin parmi la foule d’élèves qui se dirigeaient avec hâte à leur dortoir. La jeune femme monta les marches, afin d’atteindre finalement le septième étage. Elle était décidée à se rendre à la tour d’astronomie. Ainsi, elle allait pouvoir réfléchir à une quelconque stratégie pour à la fois se débarrasser de ces élèves qui ne faisaient que l’oppresser de bêtises, mais sans pour autant perdre sa popularité. La mort de son meilleur ami l’avait changé du tout au tout, elle en était devenue plus mature, délaissant son masque de jeune fille toujours souriante et partante pour tout et n’importe quoi. Perdue dans ses pensées, elle regardait ses pieds, résonner dans le couloir à présent vide. Tout à coup, son corps rencontra un obstacle, et ne pouvant anticiper le choc, elle tomba en arrière. Se retenant sur ses mains comme elle put, un grognement s’extirpa de ses lèvres. Quel était l’abruti qui n’avait pas regardé devant lui ?

- Vous pouvez pas faire attention non ? ! Lâcha-t-elle durement.

Sur ce, elle leva son regard chocolat pour connaitre l’identité de celui qui l’avait bousculé. Elle en perdit étrangement son regard froid en voyant face à elle, un jeune homme d’une beauté frappante. Les traits de son visage était fin, méticuleux, donnant l’impression d’avoir été sculptés dans du marbre avant de prendre vie. Ce qui happa le plus l’attention de la Serpentarde, ce fut la couleur bleu azur, profonde, de ses iris. Si elle n’avait pas repris le contrôle de ses pensées hâtivement, elle se serait sans doute bêtement laissée noyer dans les yeux océans de l’inconnu. Ce dernier semblait visiblement gêné au possible. D’une manière gentleman, il lui présenta sa main, afin de l’aider à se relever. Victoire hésita, puis finalement, se redressa toute seule. Elle n’avait besoin de personne pour se remettre debout. Epoussetant furtivement ses vêtements, elle lâcha un petit soupir, et croisant les bras, elle pencha légèrement la tête sur le côté, attendant silencieusement que le jeune homme daigne s’excuser. Et maintenant qu’elle le regarda d’un autre angle, elle était certaine de l’avoir déjà croisé dans le château.

___Un fin sourire effleura les lèvres de Gabriel lorsqu'il regarda autour de lui. Un brouhaha perceptible se faisait entendre dans la grande salle, par-ci et par-là, on pouvait entendre des rires enjoués, des discussions animées ou des moqueries pointilleuses. La vie reprenait enfin son cours et Gabriel était retourné chez lui. Bien sûr, il avait passé l'été en compagnie de son oncle, moldu qui vivait dans les banlieues de Londres. Il est clair que revoir sa seule famille lui avait fait un plus grand bien, comme un simple baume qu'on passe sur le coin d'un cœur et qui le réchauffe instantanément. Cependant, être éloigné aussi longtemps de sa vraie nature lui avait parut insurmontable. Gabriel était un sorcier avec des héritages antiques de sirènes et laisser la plus grande partie de lui au placard, mettre ce qu'il était durant dix mois de l'année avait été rudement difficile pour lui. Enjoué donc par cette nouvelle année qui commençait, le Gryffondor planta sa cuillère au milieu de sa part de gâteau à la framboise puis se retourna vers Jared, un de ses proches amis qui lui narra avec excitation ses deux mois périlleux en compagnie de son cousin, aux frontières des Inde. S'en suit alors, un débat entre sa petite-amie et lui qui n'avait pas apprécié le fait qu'il parte sans lui envoyer le moindre hibou. Levant les yeux au ciel, Gabriel ricana bêtement, ayant l'habitude qu'ils se bagarrent pour un rien. Portant ses iris bleutés sur les tables à ses côtés, il s'arrêta sur celle des Poufsouffles et un rictus sincère se fleurit sur ses lèvres lorsqu'il aperçut la fine silhouette d'Eden, sa cousine. Cela faisait deux mois qu'il ne l'avait pas vu et il aurait été malhonnête de dire qu'elle ne lui avait pas manqué; après avoir passé une bonne partie de sa cinquième année avec elle, il s'était du jour au lendemain retrouvé sans sa rouquine préférée et, ce changement l'avait pendant un certain temps déstabilisé. Sentant apparemment le regard brulant de Gabriel sur elle, Eden se retourna et posa ses prunelles sur lui. Un sourire énigmatique se forma sur ses lèvres suivit de plusieurs mots silencieux qui sortirent de la barrière de sa bouche. Puis, elle se retourna, comme si de rien n'était. Secouant la tête d'un air amusé, Gabriel baissa la tête, un sourire ravi aux lèvres et finit sa tarte à la framboise.

Lorsque le directeur prit la parole et invita les nouveaux et les nouvelles à se rendre à leur dortoir accompagnés des préfets de chaque maison, Gabriel s'étira. Il avait terriblement bien mangé et la nourriture de cette école lui avait bien manqué. Son oncle avait beau être quelqu'un de génial, il n'était pas très bon cuisiner, ainsi, Gabriel avait passé son été à manger des plats surgelés. Reput, il osa un regard vers la table des Poufsouffles et s'aperçut qu'Eden venait de se lever pour, apparemment, sortir. Le brun fronça les sourcils lorsque sa cousine passa près de lui et lui offrit un regard appuyé. Curieux, il prétexta une excuse à ses amis et se leva de table. Remettant rapidement sa tenue de sorcier, il passa une main dans ses cheveux et suivit sa cousine en gardant un minimum d'intervalle entre eux. Passant les grandes portes de la Grande Salle, Gabriel passa en vitesse le grand hall et descendit les trois petites marches situés près de l'entrée du château, porte en bois massif et impressionnante. Cachée dans l'ombre, Eden se mit à rire, mutine et se rapprocha de son cousin. Avant que le Gryffondor n'ait pu le temps de la serrer dans ses bras ou de lui dire quelque chose, elle plaça son doigts sur ses lèvres, lui intimidant le silence. Docile, il obéit et la regarda avec de grands yeux. Puis, cette dernière sortit un paquet de son dos. Surprit, le rouge et or regarda quelques secondes le paquet que lui tendait Eden avant de le prendre et de l'interroger du regard. Elle lui accorda un bref sourire en coin avant de passer à ses côtés et disparaitre dans la foule qui sortait de la Grande Salle. Fronçant les sourcils, Gabriel regarda longuement le paquet et l'ouvrit, déchirant le papier cadeau dont il était recouvert. Devant lui, un livre aux allures ancestrales d'une couleur vert bouteille et dont les bordures étaient dorés. Le livre était plutôt épais et assez large. Le titre de l'ouvrage eut pour effet de figer Gabriel. Celui-ci s'appeler " Les plus infimes secrets des sirènes à travers les siècles ". Brusquement excité, Gabriel se retourna en esperant voir Eden, mais cette dernière avait disparut depuis bien longtemps. Tant pis, il la verrait demain. Regardant une seconde fois le livre, l'envie de le lire durant la nuit le titilla et il se décida alors à monter vers la tour des Rouges et Or.

Montant les escaliers du grand hall, Gabriel salua les quelques tableaux qu'il connaissait et qui semblaient l'apprécier. Amicale, il adressa un sourire à tous les élèves qui le saluaient ou qui lui adressait un simple signe de tête. Connaissant par cœur le chemin qui menait à son dortoir, Gabriel décida de commencer à lire le livre d'Eden alors qu'il marchait. L'ouvrant avec délicatesse, il se mit d'abord à lire les chapitres du bouquin et une partie l'interpela. La malédiction de Liweän. C'était exactement ce dont était affligé Gabriel. Cette malédiction le tuait et le rendait incapable d'avoir des enfants au grand risque de tuer sa future moitié et lui-même. Et comme Gabriel, son enfant vivrait seul et n'aurait peut-être pas la chance d'avoir un oncle à porté de main. Feuilletant les pages à vif allure, le Gryffondor se rendit au chapitre qui l'intéressait le plus et commença à lire les premières phrases. Seulement, à peine avait-il finit la première page qu'il heurta quelqu'un de plein fouet au détour d'un couloir proche de sa Salle Commune. Quelque peu déboussolé, il abaissa son livre et se rendit compte qu'il était violemment rentré dans une jeune femme. Gabriel entendit un grognement peu charitable et curieux, laissa ses iris bleutés se perdre sur la tenue que portait la jeune femme. Son blason indiquait qu'elle faisait partie des Serpentards... Évidemment. Il n'y avait qu'eux pour être aussi désagréables.

- Vous pouvez pas faire attention, non ?!

Gabriel sentit le rouge lui monter aux joues. Il n'aimait pas être maladroit, il détestait faire un faux pas, importuner quelqu'un ou le déranger. Il se sentit donc idiot de s'être permit de lire dans les couloirs et de ne pas avoir été patient, comme l'aurait certainement fait un élève sérieux. Soupirant contre lui-même, il observa les cheveux bruns de la Serpentard qui tombait le long de son dos. Extrêmement curieux, Gabriel se demanda durant un instant s'il connaissait cette Serpentard. Puis, lorsqu'elle redressa la tête, la réponse vint directement. Non, il ne la connaissait pas. Il s'en saurait surement souvenu si c'était le cas. La jeune femme avait un visage impassible, laissant des traits froids déformer son visage pourtant en porcelaine. Ses lèvres pulpeuses concordait à merveille avec ses yeux chocolats et il mit un temps considérable avant de reprendre l'ensemble de ses esprits. Elle était indéniablement belle et devait sans grand étonnement attirer les regards. Reprenant une certaine convenance devant la demoiselle, il ferma son bouquin et lui tendit, gentleman et avec douceur, sa main afin qu'elle puisse se redresser avec facilité. Cette dernière sembla hésiter un instant puis se releva sans son aide. La fierté des Serpentards, surement... Gabriel, doublement plus gêné plaça ladite main dans une des poches de sa tenue de sorcier et la regarda secouer sa propre tenue, essayant apparemment de la nettoyer des éventuelles saletés qui aurait pu s'y déposer. Puis, semblant attendre quelque chose de la part du brun, elle redressa ses yeux chocolats vers lui et croisa les bras tout en inclinant doucement la tête, impatiente. Gabriel toussota légèrement, ne sachant pas comment réagir. C'était la première fois qu'il était dans une telle situation. Jamais auparavant il n'avait eut la maladresse de faire tomber quelqu'un, d'autant plus une jolie jeune femme appartenant à la maison de Salazar Serpentard. Il passa brièvement une main dans ses cheveux, les ébouriffant au passage. Conscient qu'elle s'attendait certainement à des excuses, il s'exécuta, sachant très bien qu'il était en tort.

- Je suis désolé. Je ne vous avais pas vu... J'espère que vous ne vous êtes pas fais mal en tombant.

Se souvenant qu'elle l'avait vouvoyer lors de ses premières paroles, Gabriel en avait fait de même, ne voulant pas plus la vexer qu'elle ne semblait l'être. Le Gryffondor n'avait pas l'habitude de discuter avec une personne de la maison de Serpentard, en général il préférait les éviter, se doutant fortement que s'ils faisaient partis de cette maison, c'est que quelque chose de malsain les démangeait. Des pulsions sadiques au meurtres ou à la magie noire, Gabriel n'appréciait pas tellement cette maison. Mais dans n'importe quelle situation, il savait mettre ses aprioris de côtés, surtout lorsqu'il avait causé du tort à une charmante jeune femme. Serrant d'avantage son livre contre une de ses hanches à l'aide de la main qui le portait, il ne remarqua pas tout de suite qu'une photographie magique tomba au sol. Lorsqu'il s'en rendit compte, ce fut lorsque la Serpentard la suivit du regard. Se demandant ce qu'elle regardait avec autant d'intérêt, il regarda à son tour et remarqua une photo d'Eden et lui en train de danser lors du bal de fin d'années. La photo bougeait et on pouvait les voir rigoler, puis Gabriel la faisait tourner sur elle-même et la basculer en arrière. Un sourire amusé se posa sur ses lèvres et Gabriel se baissa rapidement pour ramasser la photographie qu'Eden avait certainement mit dans le livre qu'elle lui avait offert. Ne voulant pas y porter attention devant la brune, il la re-glissa dans son vieux bouquin et décida qu'il était temps de briser la glace. Ainsi, il lui présenta une nouvelle fois sa main et déclara d'un ton sur et amical :

- Gabriel Dawson, sixième année chez les Gryffondors.

Patient, il attendit qu'elle daigne répondre. Si elle préférait lui tourner le dos et partir en lui riant au nez, Gabriel comprenait très bien. Après tout, c'était une Serpentard.

Patientant toujours en attendant que le brun en face d’elle daigne s’excuser, ce dernier toussota légèrement, et passa nerveusement une main dans ses cheveux bruns, un tantinet emmêlés. Oui, Victoire devait se l’avouer, il était réellement beau. Jetant un coup d’œil à son blason, elle aperçut qu’il appartenait aux Gryffondors. Rien de surprenant si l’on étudiait son comportement lorsqu’elle était tombée. Elle n’allait donc pas tarder à recevoir des excuses. Après tout, les rouges et argents étaient totalement différents des siens, il devait sans doute être l’opposé d’elle. La voix du jeune homme la sortit soudainement de ses réflexions :

- Je suis désolé. Je ne vous avais pas vu… J’espère que vous ne vous êtes pas fais mal en tombant.

La concernée vu surprise du vouvoiement qu’il utilisait à son égard, mais ne fit aucun remarque. Il ne voulait certainement pas se créer plus de problèmes qu’il n’en avait déjà. Lâchant un petit soupir inaudible, Victoire remarqua soudainement une feuille s’extirper du livre que tenait le Gryffondor. La dite feuille plana et tournoya quelques instants dans les airs, avant de finir sur le sol. Regardant plus attentivement, la serpentarde remarqua qu’il s’agissait d’une photo. En effet, elle put voir nettement le garçon qu’elle avait en face d’elle sur la photographie, accompagné d’une jeune femme. Ils dansaient tous les deux, certainement à un des bals donnés dans la Grande Salle durant les fêtes de noël. Et la jeune femme devait sans doute être la petite amie du rouge et or. Ca n’avait rien d’étonnant. La plupart des élèves de Poudlard avaient tous quelqu’un. C’en était même blasant. C’était comme si tout le monde se devait de trouver chaussure à son pied, et ça dès le plus jeune âge. Non pas que Victoire n’est jamais eu de petit ami, mais ces derniers étaient là pour passer le temps, pour faire comme tout le monde. Le jeune homme finit par ramasser la photo, et la brunette put apercevoir un sourire sur ses lèvres. La replaçant là où elle provenait, il lui tendit de nouveau sa main. Surprise Victoire haussa les sourcils, ne s’attendant pas à ce revirement de situation.

Il finit aussitôt par briser le silence instauré entre eux :

- Gabriel Dawson, sixième année chez les Gryffondors.

Le fait qu’il soit en sixième année fit prendre conscience à la verte et argent, que si il lui semblait avoir déjà vu ce visage, ce n’était pas pour rien. Ils devaient sans doute tous deux avoir les mêmes cours depuis leurs premières années déjà. Il était plus qu’amusant de se rendre compte qu’on ne connait jamais vraiment tout le monde, même si on se trouve dans la même année. Force était de constater, que Victoire n’avait pas fait du tout attention à tout ceux qui l’entouraient depuis ses onze ans. Il n’y avait que les personnes importantes qui l’intéressaient depuis toujours, parce que c’est grâce à eux qu’on arrive le plus facilement au sommet. Ce qui l’étonnait d’autant plus, c’était le fait que ce Gabriel ne semblait pas la connaitre. Certes, elle ne participait pas tellement en cours, et séchait la plupart des matières quand elle le pouvait, mais tout de même. Elle avait de bons résultats, elle ne faisait pas partie de ce groupe médiocre de Serpentard dont leur QI se résumait à leurs premiers cours de sortilèges. Surtout que le jeune homme semblait loin d’être idiot. Légèrement vexée par cette ignorance totale de son identité, elle porta son regard chocolat sur la main du Gryffondor toujours tendue. Elle hésita tout d’abord, tendant lentement sa main vers la sienne, puis finit par glisser brièvement ses doigts entre les siens et de se présenter à son tour :

- Victoire Suan, sixième année chez les Serpentards, lâcha-t-elle avec un petit rictus amusé sur les lèvres. Je suis étonnée que tu ne me connaisses pas, Gabriel.

Ramenant sa main vers elle, elle vit passer une lueur d’incompréhension, puis d’amusement dans les yeux azurs du garçon. Victoire rapporta toute son attention sur le bouquin que tenait le beau brun. Elle commença doucement à s’approcher de lui, afin de pouvoir lire le titre du bouquin. Mais à peine fut elle quelques pas, qu’il recula instantanément. Le regardant incrédule, un petit rire s’extirpa de ses lèvres, tandis qu’elle continuait à s’approcher de lui. Gabriel resta immobile, mit visiblement sur « suspense ». Elle se pencha rapidement sur le côté, et attrapa le livre avec dextérité. Le temps que le Gryffondor ne comprenne qu’elle venait de lui piquer son ouvrage, elle eut l’occasion de lire le titre : « Les plus infimes secrets des sirènes à travers les siècles ». Drôle de titre, pensa aussitôt la verte et argent. Il étudiait déjà les créatures magiques, avant que les cours n’aient commencé. C’était bien un Gryffondor ça. Victoire avait pris du recul, tenant toujours le livre dans ses mains. Elle n’allait pas l’ouvrir, parce que ça ne l’intéressait pas tellement, mais mettre le rouge et or en face d’elle en rogne, l’amusait terriblement. Certes, c’était totalement puéril, mais à vrai dire elle se fichait de l’image qu’elle pouvait donner en ce moment. Elle avait toujours agit par pulsions, et là, la brunette était d’humeur joueuse. Rien de méchant, elle n’allait pas abîmer son livre. Elle-même étant passionnée par la connaissance, elle aurait pu étriper celui qui aurait eu la débilité d’abimer un de ses bouquins. Mais visiblement, ce petit jeu était loin d’amuser son camarade. Ce dernier s’avança brusquement d’elle, son regard bleu azur s’assombrissant à vue d’œil. Il tendit la main, terrer dans un mutisme retenu.

La Serpentarde mima un air innocent, avant de cacher le livre derrière son dos, et de reculer avec langueur. Elle fut amusée de voir Gabriel la suivre à la trace, comme deux aimants. Elle bougeait, il bougeait. Alors qu’il essayait d’attraper le bouquin qui se trouvait toujours derrière son dos, elle le lâcha d’une main, avant de faire non avec son doigt, et de lâcher :

- Ah ah ah. Tu révises avant l’heure, pour être en avance sur tout le monde, et ainsi gagner la sympathie des professeurs. Ou alors, ce bouquin serait-il d’ordre personnel ?

Victoire n’avait jamais aimé être dans l’ignorance, et si elle avait quelqu’un à battre en cours pour être le première, elle le ferait. Elle ne s’était pas renseignée durant l’été sur les chapitres qu’ils allaient étudier au cours de l’année, mais visiblement le rouge et or semblait être au courant. A moins que, comme elle l’avait suggéré, ce livre était personnel. Son beau bouc émissaire du moment, parut visiblement lassé par la verte et argent enfantine qu’il avait face à lui, et lâcha un soupir agacé, sous le regard amusé de la brunette.

Attendant patiemment que la Serpentard réponde à son signe de présentation, son sourire quelque peu forcé commença à se faner en constatant le temps de réaction. Cette dernière semblait complètement perdu dans ses pensées, ailleurs qu'à Poudlard, de toute évidence. Ou peut-être est-ce son propre nom qui aurait réveillé de vieux souvenirs dans les méandres de sa mémoire ? Un ami perdu qui avait le même prénom que lui ? Ou quelqu'un de sa propre famille ? Incroyablement curieux, Gabriel dû se mordre la langue pour ne pas faire de commentaire. Son caractère d'élève brillant avait été fait en partie grâce à sa curiosité maladive qu'il avait toujours besoin d'assouvir, il ne pouvait donc pas maudire ce trait de caractère qui lui était terriblement propre, mais il était vrai que dans certaine situation, il aurait aimé pouvoir rester calme, ne pas penser à autre chose et savoir juste attendre. Enfin, la jeune femme devant lui réagit enfin et hésita un instant avant de glisser ses fins doigts dans la main de Gabriel. La différence de température fit frissonner le Gryffondor, il ne s'était jamais rendu compte que sa peau était si chaude qu'en cet instant même. On lui avait pourtant faire plein de fois la réflexion.

- Victoire Suan, sixième année chez les Serpentards. Je suis étonnée que tu ne me connaisses pas, Gabriel.

Tous les deux se serrèrent brièvement la voix, puis Gabriel fronça les sourcils. Pourquoi était-il si étonnant qu'il ne la connaisse pas ? Ce n'était qu'une Serpentard et il était rare que le brun s'intéresse aux personnes de cette maison, restant méfiant au possible. Ainsi, se voir parler avec cette Victoire Suan fut pour lui, non seulement un exploit, mais une surprise. Il ne se serait jamais cru capable d'être aussi agréable avec une jeune femme qui appartenait à la vaste famille de Salazar Serpentard. Gabriel savait bien que si elle faisait partie de cette maison, c'est que quelque chose de sombre obscurcissait ses pensées ou bien son cœur en lui-même. Quelque part, le Rouge et Or plaignait les personnes qui appartenaient à cette maison; certains avaient beau être d'excellent élèves, leur caractère changeait leur façon de voir les choses et faisaient en sorte de les rendre peu agréable, agressifs même. Alors, lorsque Victoire s'approcha de lui, Gabriel recula instantanément, n'appréciant pas qu'ils soient aussi proche et voulant qu'elle respecte certaine limite qu'il n'aimait pas qu'on franchisse. Plus par respect, qu'autre chose. La brune se mit rapidement à rigoler, apparemment étonnée de part sa réaction. Ne sachant pas très bien quoi faire, Gabriel fronça les sourcils et lorsqu'elle s'approcha à nouveau, il ne tiqua pas. Juste par curiosité. Si elle l'attaquerait, il serait surement plus rapide à riposter et elle n'aurait même pas le temps de dire un sort qu'il l'aura déjà envoyer à l'autre bout du couloir. Au final, Gabriel aurait dû la laisser par terre et partir comme si de rien n'était. Pourtant... Dès lors qu'il eut cette pensée, son cœur s'oppressa. Ce qui faisait la différence entre un Serpentard et lui, c'était bien la gentillesse et la générosité dont il faisait preuve avec son prochain. Gabriel, perdu dans ses pensées et ses sentiments ne se rendit pas tout de suite compte qu'elle venait de lui voler son livre des mains. Lorsqu'il s'en rendit compte, quelques secondes plus tard, il la regarda incrédule, tandis qu'elle reculait en lisant le titre de son bouquin. Gabriel n'apprécia pas. Mais alors, vraiment pas. Ce livre était un cadeau qu'Eden lui avait fait, cela voulait forcément dire qu'il était ancien et qu'il méritait que seul lui l'ait dans les mains.

Une rage folle se mit à rugir au fin fond de ses intestins. Le Gryffondor n'aimait pas la tournure des choses et encore moins que ce petit jeu immature amuse Victoire. La patience était d'habitude son fort, mais il détestait se faire marcher sur les pieds et n'avait jamais laissé quelqu'un jouer avec lui. Surtout pas une petite Serpentard écervelée qui se prenait pour quelqu'un d'importante. Le jeune homme s'avança vers la brune, sentant l'impatience et la colère bouillir en lui et à deux doigts d'exploser. Il tendit la main afin qu'elle lui rende son livre, l'obligeant par un silence de plomb et un visage peu agréable de lui rendre son bien. Victoire, voulant apparemment le pousser à bout mima un air faussement innocent et se recula avec lenteur, un pas derrière l'autre, tout en cachant son bouquin derrière elle. Gabriel la suivit, puis tenta de récupérer son livre mais elle recula d'avantage et hocha la tête, un sourire sardonique sur les lèvres.

- Ah ah ah. Tu révises avant l’heure, pour être en avance sur tout le monde, et ainsi gagner la sympathie des professeurs. Ou alors, ce bouquin serait-il d’ordre personnel ?

Agacé, Gabriel s'arrêta de la suivre et croisa les bras sur son torse. L'air qu'il arborait était froid, impénétrable et terriblement dur. Il se mettait rarement en colère, seulement quand quelque chose le chiffonnait ou l'embêter. Les seules fois où il avait craqué furent en compagnie de Serpentards qui s'amusaient à torturer psychologiquement les nouveaux ou les nouvelles. Mais lorsqu'on s'en prenait directement à lui... C'était pire que tout. Avec le temps, les Verts et Argents avaient compris qu'il ne fallait pas l'enquiquiner mais bien sûr, il y en avait toujours qui exceptaient à la règle et qui tentaient de se faire remarquer. Il était dommage de voir une fille aussi jolie se donner en spectacle avec autant de puérilité. Le Gryffondor eut presque de la pitié. Presque. En voyant qu'elle ne comptait toujours pas lui donner son livre, il soupira et lâcha d'un ton dur :

- Tu ne me fais pas peur, Victoire. Et je n'ai pas le temps de jouer. Tu veux faire mumuses ? Très bien, donne moi un bâton et je te l'enverrais loin. Du moins assez loin pour que tu me fiches la paix. Vous êtes pas croyables, vous, les Serpentards, toujours en train d'emmerder les autres ! A croire que c'est une occupation à plein temps.

Gabriel ne lui laissa pas le temps de répliquer qu'il sortit sa baguette d'un geste vif. Il entraperçut les yeux de Victoire s'écarquiller et le jeune homme fit un simple moulinet avec sa baguette en bois en murmurant le célèbre " Wingardium Leviosa ". Son livre se mit à planer dans les airs et Gabriel effectua un deuxième moulinet tout en murmurant une formule inaudible. Le livre disparut dans un plouf sonore. Satisfait, le Gryffondor remit sa baguette dans sa poche et regarda une seconde fois durement Victoire. Il la dévisagea carrément. Oh oui, il détestait les Serpentards...

- Bonne soirée, lança-t-il d'un ton sarcastique.

Puis, Gabriel passa aux côtés de Victoire, qui ne semblait pas encore remise de s'être fait remettre à sa place et il continua sa marche vers sa Salle Commune.

Victoire, toujours armé du livre de son Gryffondor du moment, vit ce dernier croiser les bras, un air dur sur le visage, qui ne fit qu’amuser encore plus la brunette. Elle allait le mettre à bout, c’était certain. Il allait s’énerver ou peut-être même la frapper, qui sait. Elle n’avait jamais aimé les rouges et ors, bien trop pleurnichard. Ils ont beau avoir ce courage que peut de Serpentard ont, seulement ils se prennent toujours pour le centre du monde, et ne se gêne jamais pour étaler leur foutu désespoir devant les autres. C’est toujours eux avant les autres, «  moi, moi, moi ». Non, vraiment, très chiant ces Gryffondors. Et là, Gabriel face à elle, semblait de moins en moins patient avec ces gamineries. Elle avait toujours le même sourire mutin sur ses lèvres, et il brisa le silence d’une voix glaciale :

- Tu ne me fais pas peur, Victoire. Et je n'ai pas le temps de jouer. Tu veux faire mumuses ? Très bien, donne moi un bâton et je te l'enverrais loin. Du moins assez loin pour que tu me fiches la paix. Vous êtes pas croyables, vous, les Serpentards, toujours en train d'emmerder les autres ! A croire que c'est une occupation à plein temps.

Elle était sensée lui faire peur ? Si elle avait su, elle n’aurait pas agis comme ça. Non, elle aurait été un peu plus créative. La concernée n’appréciait pas tellement qu’il la considère comme un chien. Malgré tout, elle était tout autant amusée par la situation. Le beau brun était à présent agacé, et même si elle n’avait pas réussi à avoir de réponse à ses questions, elle avait réussi à le faire sortir de ses gongs. Emmerder les autres, était en effet une occupation de Victoire. Les voir enrager était son pêché mignon disons. Surtout si cet enragement était causé par elle. Peut-être par manque d’attention. Oui, c’était peut-être le pourquoi de la raison que poussait les Serpentards tels qu’elle à emmerder le monde. Un manque d’attention. Les Gryffondors les écrasait à chaque fois qu’ils le pouvaient, il fallait bien qu’ils trouvent un autre moyen pour montrer qu’eux aussi ils étaient là. Certes, peu de verts et argents pensaient comme elle, et ce n’étaient surtout pas ses acolytes qui pouvaient réfléchir à ça. Eux, ils agaçaient les autres juste pour prouver qu’ils sont plus forts. Et Victoire n’avait jamais adhéré à ce genre de comportement. Sortant de ses réflexions, elle n’eut pas le temps de répliquer, que le brun avait dégainé sa baguette, et lancé un sort à son bouquin, qu’il récupéra de droit. Les yeux ouverts comme des soucoupes, ne s’étant tout bonnement pas attendu à cette réaction, la jolie brune fut dans l’incapacité de réagir sur le coup. Puis, sous les yeux inexpressifs de Victoire, il fit disparaitre le livre. Lâchant un soupir à peine inaudible, elle le vit darder sur elle un regard pénétrant et froid comme la glace. Elle n’appréciait pas tellement être dévisagée de la sorte, surtout venant de la part d’un foutu Gryffondor.

Ce dernier, lâcha d’un ton sarcastique :

- Bonne soirée.

Sur ces paroles, il se dirigea vers elle, il passa à ses côtés, laissant Victoire interdite. Jurant intérieurement, elle se remit en question, chose qu’elle ne faisait jamais. C’était bien la première fois qu’on avait le culot de la rembarrer ainsi. Et ce culot plaisait particulièrement à Victoire. En fait, c’était peut-être ça qui sauvait Gabriel d’un sortilège douloureux. Oh, pas interdit, mais elle en connaissait de nombreux qui ne le ferait certainement pas rire longtemps. Elle avait exagéré, c’est vrai, elle devait se l’avouer. Agir de la sorte avait été puéril, mais après tout, elle ne s’en voulait pas. Ca avait été son divertissement de la soirée. A présent, elle décida de rattraper le jeune homme. Sans réellement savoir pourquoi. Son but n’était pas d’être détestée, mais respectée. Tournant les talons, elle finit par rattraper rapidement Gabriel, et se posta face à lui, l’arrêtant dans sa lancée. Il lui lança le même regard froid de tout à l’heure, et ses yeux d’ordinaire bleu azurs, avait pris une teinte hivernale, glaciale, qui renfrogna légèrement Victoire. Ne se laissant pourtant impressionnée, elle brisa le silence palpable instauré entre eux :

- Très bien, un zéro pour les Gryffondors. Nous sommes des emmerdeurs, je suis une emmerdeuse, et je l’assume parfaitement.

Elle ajouta un petit sourire à ses dires. Oh, elle ne s’excuserait probablement jamais pour son comportement enfantin, mais sous ses paroles, si Gabriel était un tant soi peu intelligent, il pourrait certainement déceler qu’elle s’excusait, à sa manière à elle. Elle vit peut à peu la banquise de ses yeux fondre légèrement. Mais visiblement, il ne voulait pas avoir à faire à elle tout de suite. Ce qui était compréhensible. Après tout, à sa place, elle en aurait fait de même, et aurait certainement était plus méchante qu’il ne l’avait été. Se mordant la lèvre inférieur, elle lâcha un soupir, et rajouta :

- Nous sommes partis sur de mauvaises bases … par ma faute. Recommençons.

Sur ses paroles, elle tourna les talons, et repartie de là ou elle venait, soit au milieu du couloir. Elle avait pu aisément sentir Gabriel la suivre du regard, et même se tourner afin de voir ce qu’elle tramait derrière lui. Avec un petit sourire mutin sur les lèvres, elle commença à marcher vers lui, lentement, prenant tout son temps. Le rouge et or ne bougeait pas, attendant, certainement par curiosité de voir ce qu’elle allait faire. Se trouvant tout proche de lui maintenant, elle lui tendit la main, et lança :

- Victoire Suan. Sixième année chez les emmerdeurs de premières. Et, tu es ?

Elle restait très sérieuse dans ses dires, même si son sourire gâchait un peu sa crédibilité. Il serait idiot qu’un aussi beau garçon devienne un de ses ennemis, lui qui semblait être différent des autres ça serait du gâchis. En fait c’était ça qui lui plaisait, de suite, elle avait vu qu’il était différent de ces Gryffondors qui à part s’apitoyer sur leur sort, était incapable de faire autre chose. Patiente, elle attendit une quelconque réaction chez Gabriel, espérant juste qu’il ne lui tourne pas le dos.