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Gryffondor. C’était effarant. On lui avait prédit Serpentard. Cela avait été la voie normale pour toute sa famille. Son père, sa mère, et même Serena. Tous étaient passés par là. Elle quittait un monde de torture, de noirceur, de ténèbres, et elle y était tellement habituée que la luminosité de Poudlard lui avait presque fait mal aux yeux. Mais l’école n’était rien, comparé à la salle commune de sa nouvelle maison. Par Merlin, ils allaient lui arracher la tête pour cet affront. A l’annonce que le choixpeau avait faite, quelques heures auparavant, la jolie brune avait cru s’enflammer sur place, et le chapeau avec. Comment un stupide objet pouvait-il déterminer de quel bois elle était faite, hein ? C’était absolument insensé. Il était hors de question qu’elle passe l’année dans un endroit aussi… Lumineux, et chaleureux, et avec des gens aussi… Terriblement gentils et accueillants. Elle en avait déjà traumatisé plus d’un en se réfugiant dans son dortoir sans un mot, ignorant complètement les formules de bienvenue de ses nouveaux camarades et leurs sourires bienveillants. Son attitude, en comparaison, avait sûrement été choquante, mais peu importait, elle n’était pas ici pour se faire des amis, loin de là. Pour ses parents, elle était là en attendant ses missions, ses tests. Mais elle était surtout là pour la sécurité. Sans vouloir se l’avouer, c’était exactement qu’elle recherchait. Un endroit sûr où rester en attendant de trouver une solution pour éviter le massacre. Une alternative à la solution qu’elle entrevoyait pour la fin de l’année.

Pour l’heure, affalée sur son lit, elle projetait d’aller voir le directeur de l’école en personne pour la faire changer de maison Rien que ce simple détail risquait de contrarier ses parents, et ce qu’ils voulaient pour elle, et elle voulait absolument gagner du temps. Il était impensable de rester ici. Et puis, même en admettant que cela n’ait aucune conséquence sur sa famille, elle ne s’adapterait pas à l’environnement. Ces couleurs, cette ambiance, tout ça n’était pas pour elle. Ca ne lui ressemblait pas, et il était impensable pour elle de se sentir à l’aise si tout cela ne lui convenait pas.
D’ailleurs, elle se sentait déjà comme une intruse. C’était également ce qu’elle avait ressenti, les premiers temps, en arrivant à Durmstrang, trois ans auparavant, mais c’était vite passé. Les ténèbres de l’école avaient rapidement eu raison d’elle, et elle s’était intégrée plus rapidement qu’elle n’aurait pu le penser. Sa réputation avait vite été faite, et elle avait gravi les échelons plus sûrement qu’avec des pieux d’alpinistes.

C’était différent ici. Il y avait une bien plus grande diversité dans les mentalités d’ici qu’en Bulgarie. L’école était vouée à la magie noire. Ici, à ce qu’elle avait compris, seule une catégorie bien précise de personne s’orientaient dans cette direction. Une majorité de Serpentard. Et c’était là bas qu’elle avait sa place. Non pas parce qu’elle avait ce genre de desseins, mais juste pour l’ambiance froide. Elle se doutait bien qu’ici, la torture n’avait pas cours, et le respect se gagnait certainement autrement que par la loi du plus fort, même si c’était toujours un peu le cas partout. L’école était spéciale, et ressemblait un peu plus véritablement à une école que Durmstrang. Les Gryffondor n’étaient apparemment pas capables de se fiche la paix. Durant le dîner, elle avait jeté quelques regards à la dérobée à la table des Serpentard, et la plupart d’entre eux mangeaient en silence, sans plus d’enthousiasme que nécessaire, même pour les plus petits. On pouvait avoir une intimité, et envie de rester seul, dans cette maison. Ici, cela semblait tout bonnement impossible. Bien sûr, elle avait encore le temps de voir venir, avec à priori toute une année à tenir, mais tout de même. Sa première impression ne la réjouissait pas au plus haut point.

Après tout, on la prenait pour une étrangère, un peu étrange, d’un autre monde. On avait rapidement remarqué qu’elle n’avait rien mangé au dîner, et on l’avait questionnée. Déjà. Evidemment, elle avait répondu par son indifférence et son silence glacé habituels, mais elle avait eu l’impression qu’ils ne se laisseraient pas décourager si vite. Elle allait rapidement se lasser et en envoyer un ou deux valser contre les murs. Peut-être qu’au bout d’un moment on finirait par la laisser tranquille. Ce n’était pas dur de comprendre qu’il n’était pas judicieux de l’approcher, tout de même. Ils n’étaient pas seulement imbéciles enthousiastes, avec un peu de chance, ils avaient également un peu de jugeote, ce qui pouvait leur être utile, face à la ténébreuse Leighton Farber.

La jeune femme fut interrompit dans le cours de ses pensées désespérées par le bruit d’une porte qui s’ouvre. Jusqu’à présent, par chance, elle avait été seule dans le dortoir. Elle savait qu’il y avait une espèce de fête de rentrée dans la salle commune, et elle avait failli rire au nez de celui qui lui avait proposé de venir. Mais évidemment, le rire s’était depuis longtemps perdu, chez elle. Enfin, il était encore tôt malgré tout, ça ne justifiait pas qu’on vienne la déranger. Certes, elle allait devoir faire avec la vie en communauté. Elle avait réussi, à Durmstrang, mais principalement parce qu’on lui fichait la paix. Elle n’avait qu’un regard à lancer pour que tout le monde se taise. Il semblait qu’un peu de temps soit nécessaire avant d’avoir le même privilège ici.
Pour l’heure, elle devait se contenter de darder son regard décourageant légendaire à la nouvelle venue dans la pièce. Avec un peu de chance, elle repartirait rapidement faire la fête avec ses amis.

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Mais non. Elle entra tout de même, malgré l’air peu avenant qu’affichait Leighton. Celle-ci se retint de soupirer. Définitivement, il lui faudrait du temps pour prendre ses marques et inspirer ce qu’elle voulait aux autres élèves. Pour l’heure il serait impossible de les faire fuir tout simplement sans s’être au préalable montrée cruelle et agressive. Mais elle n’était pas d’humeur ce soir là. Elle voulait simplement rester seule, au calme, sans avoir à supporter la compagnie de quelque petite lionne pleine de courage et d’enthousiasme.
Cependant, la nouvelle venue, après lui avoir jeté un regard, ferma la porte calmement et enleva sa cape. Elle semblait un peu tendue, mais s’assit sur son lit avec un grand sourire, et se tourna vers Light. L’intéressée décela sans peine son enthousiasme à moitié feint. C’était apparemment un effort particulier que de lui adresser la parole, et la nouvelle Gryffondor se retint d’hausser un sourcil. Intéressant.

« Salut, je m’appelle Zoé. »

Light resta silencieuse. Zoé, donc, devait apprendre à se heurter à son indifférence et son silence. La jeune femme détourna la tête, et tenta de faire abstraction de la présence de la nouvelle venue. Retrouver son calme serait difficile, mais elle en était certainement capable. Il n’y avait pas meilleure qu’elle pour ignorer les autres et se focaliser sur sa petite personne. Un atout qui lui servirait certainement durant l’année. Quoi qu’il en soit, elle demeura impassible. Après tout, Zoé se rendrait bien vite compte que cela ne servait à rien de lui adresser la parole, si l’on espérait un tant soit peu de conversation posée et constructive.

Mais lorsqu’elle retourna la tête pour regarder ce que fais ait la jeune lionne, elle s’aperçut que celle-ci avait toujours le regard braqué sur elle, avec une magnifique teinte pourpre aux joues, de surcroît, qui s’accordait parfaitement avec le rouge flamboyant de sa chevelure. En croisant son regard, Light constata également la couleur lagon de ses yeux, et la finesse de ses traits. Elle ne semblait pas pour autant découragée, malgré le manque d’enthousiasme flagrant de la jolie brune.

« Tu ne fais pas la fête avec les autres ? »

Si le désir de Light n’avait pas été de rester le plus discrète possible et de ne pas trop faire de vagues le premier jour, elle aurait certainement ironisé. Bien sûr que si, j’y suis, c’est une illusion si je suis là devant toi. Mais elle se retint. Zoé n’avait pas l’air stupide, et Leighton décelait parfaitement l’interrogation sous-jacente de la question qui était franchement posée. Pourquoi n’y était-elle pas. Une manière comme une autre d’engager la conversation et de faire connaissance, si toutefois elle s’était trouvée en face de n’importe qui d’autre que la décourageante petite brune, qui n’était réellement pas décidée à essayer d’aller contre ses penchants asociaux et solitaires. A quoi lui servirait-il de tenter d’être aimable ? Il lui restait un an dans l’école, de toute façon quoi qu’elle fasse, et elle n’était pas ici pour se faire des amis, mais pour éviter de se faire tuer, ou de rejoindre les rangs des mangemorts.

Et pourtant, plus les secondes passaient, et plus la mine de Zoé se faisait déconfite et honteuse. Light, qui depuis longtemps ne se préoccupait plus des humiliations des uns et des autres, surtout lorsque c’était elle qui les infligeait, se sentait un peu exaspérée. Comment pouvait un petit silence de rien du tout mettre les gens dans des états pareils ? Ces Gryffondor, vraiment, ils n’avaient aucune résistance. Braquant son regard sombre dans les prunelles bleues de sa nouvelle camarade de chambre, elle répondit, déterminée et ferme :

« Non. »

C’était bien peu, certes, mais c’était déjà un effort considérable. Après tout, si elle n’était pas là pour se faire des amis, elle n’était pas non plus dans l’école pour se faire des ennemis. Commencer à faire un travail sur elle-même, quel qu’il soit, serait déjà un bon entraînement pour les sacrifices qu’à coup sûr elle aurait à faire dans le futur pour sauver sa peau, et mettre en œuvre les moyens trouvés pour s’échapper, avec un peu de chance.

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